Pas de de révolution industrielle sans machine à vapeur qui, selon l'expression de Marx, permet de passer du stade de la manufacture à celui de la « machinomanufacture ». Cette machine à vapeur, issue des expériences de Denis Papin sur la condensation de l'eau en ébullition, donna lieu à une première mise au point de la part de Newcomen à la fin du XVIIème siècle, avant d'être perfectionnée par James Watt. Dès lors, elle suscita une grande curiosité de la part des constructeurs du continent qui cherchèrent à en pénétrer les secrets : un véritable « espionnage industriel » s'organisa, comparable à celui que suscitèrent les secrets atomiques au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Des missions secrètes, françaises, suisses, prussiennes, furent envoyées, sous des camouflages variés, en Angleterre. Parmi celles-ci, figure la mission du fonctionnaire prussien J.G. MAY, envoyé par son gouvernement en 1814 pour étudier l'économie anglaise, qu'il décrivit dans son Rapport sur un voyage en Angleterre... |
Au cours de sa mission en Grande-Bretagne, le commissaire prussien MAY visita, en 1814, les forges de Coalbrookdale (Shropshire, comté à l'est du Pays de Galles), où fut inventée la fonte au coke. Ces forges avaient acquis une grande renommée et servirent de modèle. En 1784, elles comprenaient huit hauts fourneaux, neuf ateliers de forges et possédaient leurs sources propres de charbon et de minerai : en ce sens, les Darby réalisèrent la première expérience d'intégration dans le domaine métallurgique. Avec les Wilkinson, autre grande famille de maîtres de forge, ils construisirent, en 1779, le premier pont métallique sur la Severn. |
L'industrie cotonnière constitua le banc d'essai de la révolution industrielle. La mécanisation des opérations se produisit à un rythme inégal et à des moments différents, ce qui peut expliquer l'étonnement de l'auteur : R. GUESTON, dans son Histoire abrégée de la manufacture du coton, 1823. Avant le XVIIIème siècle, filature et tissage étaient accomplis dans les fermes, les cottages par les membres d'une même famille. Vers la fin du siècle, la filature, mécanisée grâce à l'invention de la jenny, puis de la mule-jenny, quitta la ferme isolée pour l'usine. Le tissage résista plus longtemps à la transformation, car les avantages du tissage mécanique ne s'imposèrent que lentement, au fur et à mesure que l'augmentation des filés imposa un accroissement de la production. Le blanchiment, les apprêts, la teinture et l'impression des étoffes avaient toujours été l'affaire de spécialistes, et la tendance s'accentua avec l'invention du blanchiment au chlore et de la machine à imprimer. Ainsi naquirent des usines intégrées, transformant le coton de matière brute en produit fini. Pourtant, dans la seconde moitié du XIXème siècle, on en revint à une plus grande spécialisation, filature et tissage d'une part, apprêts et teinture de l'autre. |